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Lancé le 22 octobre 2015, l'album Des bonbons pour les fous regroupe 18 chansons qui font du bien - aux fous comme aux fins - du parolier Denis Girard et du compositeur René Béchard. Également sur l'album : Élise Béchard (voix), Christian Beaucher (guitare), Hugo Blouin (contrebasse), Jesse Ens (pedal steel et guitare électrique), Jean-Philippe Godbout (batterie) et Sonia Painchaud (accordéon).

Suite au lancement, l'album sera disponible pour écoute, téléchargement et achat en ligne, notamment sur Bandcamp.
Il est entre temps possible d'écouter trois extraits.

 

 

Suivent sur cette page les paroles de toutes les chansons du disque.
Il est également possible de télécharger le livret (PDF, 4,2 Mo) 

01 - Des bonbons pour les fous (introduction)

Paroles _ Denis Girard
Voix _ Denis Girard

J’invente des bonbons pour Les fous
Des friandises pour l’âme
Des gâteaux pour le cœur
Des chocolats farceurs

Pour les déguster
Il suffit de les effleurer du coin de l’oeil
De s’en délecter à leur d’oreille

Comme un bateau dans une bouteille
Je les enferme dans mes mots
Plaisir garanti ou sourire remis

02 - Le club des bédaines

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Denis Girard
Guitare _ Christian Beaucher
Clarinette _ René Béchard
Contrebasse _ Hugo Blouin
Accordéon _ Sonia Painchaud

En arrivant dans la soixantaine
On reçoit aussitôt quelle vaine
Cette carte de membre souveraine
Du très sélect club des bedaines

On la mérite pour notre apparence
Cette belle sphère qui danse
Nos petits pas serrés en cadence
Et notre esprit centré sur la panse

Nous fûmes de vaillants guerriers jadis
Avec des idées pures comme lys
Mais elles ont vite battu en retraite
Pour la sécurité de nos fesses

Certes nous avons su changer le monde
La gauche vota des lois en grand nombre
Mais gare au retour du balancier
La droite réélue a tout restauré

Nous sommes tous de joyeux lurons
Le verre à la main comme fanion
Nous continuons de croire nos lubies
Avec un rire énorme sur nos vies

Entrechoquons nos nobles bedaines
L’avenir est à nous cette semaine
Ou peut-être seulement demain
Ça dépendra, c’est quand, la fin

03 - Invisible

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Denis Girard
Guitare _ Christian Beaucher
Saxophone _ René Béchard
Contrebasse _ Hugo Blouin
Batterie _ Jean-Philippe Godbout

Tu peux te maquiller et faire rougir tes lèvres
Asperger tout ton corps de doux lait de chèvre
Suivre ces régimes qui te promettent la beauté
Endosser ta belle robe te parer de colliers

Ce que j’aime de toi
Se voit les yeux fermés
C’est l’odeur de ta voix
Le goût de ton sourire
Le bruit de ta peau douce
La musique de ton souffle

Tu peux partir le jour pour mener tes affaires
Revenir à la nuit épuisée et blessée
Manger comme un oiseau trimer comme une bête
Vivre pour tes enfants t’oublier sur le carreau

Ce que j’aime de toi
Me fait changer de tête
Me fait rire des malheurs
Cultiver le présent
Cracher le nez en l’air
Chanter le mauvais temps

Tu peux défier la mort donner ton sang ta force
Perdre tes richesses donner mon temps aux loups
Caresser tes projets rénover tous nos murs
Déménager sur Mars repartir au matin

Ce que j’aime de toi
Ne me quitte jamais
C’est un peu dans ma voix
Perdu dans mes cheveux
Personne ne le voit
Une seule le devine

Vous ne savez rien d’elle pas même sa silhouette
Elle n’aime pas les fouineurs repousse les amitiés
Elle s’approche si près pour tout dire à l’oreille
Que le plus grand secret scelle notre intimité

Ce que j’aime de toi
C’est difficile à croire
Un roman inconnu
Une histoire inventée
Tellement invisible
Qu’on ne peut le voler

Ce que j’aime de toi
Se voit les yeux fermés

04 - Comme une éclaircie

Paroles - Denis Girard (avril 2011)
Musique - René Béchard
Voix - Denis Girard
Contrebasse - Hugo Blouin

Comme une éclaircie
J’ai vu des instants
Surgir dans ma vie
Comme des soleils

Là pour une minute, une éternité
J’ai su le pourquoi, un jour j’étais né
Je me suis promis de n’pas l’oublier
J’ai su mes erreurs, mes pas égarés
J’ai vu ma fureur pour le temps gâché
J’ai fait des projets j’ai même juré

Et puis la routine le grand quotidien
M’a fermé les yeux de ses petits rien
J’ai fait mon devoir comme un petit chien
Qui suit la parade un peu comme ça vient
J’ai fait un travail pour qu’on m’aime bien

Mais ces rendez-vous de mon existence
Où j’ai découvert  de ma vie le sens
Me traque aux détours de ma vie d’absence
Me force à crier pour montrer l’urgence
De choisir la vie de l’homme courageux

Ce projet absurde lourd et ténébreux
Dont seul on comprend le prix  et l’enjeu
Toute la nature  cette chère complice
Vient nous proposer comme pour un fils
De faire comme l’arbre debout sous le ciel
De pousser sa sève vers ses blancs soleils

Le seul rendez-vous qui sait nous attendre
Dort au fond de nous au creux de nos ventres
Il est toujours temps de se décider
À faire le chemin qu’on avait rêvé

05 - Quand le soleil salue le smog

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Hugo Blouin, Sonia Painchaud
Accordéon _ Sonia Painchaud
Contrebasse _ Hugo Blouin

Refrain :
Quand le soleil salue le smog
Les montagnes sourient à la vie

Quand je parcours la terre immense
Dans ma vieille Toyota pourrie
J'hume les vapeurs d’essence
Mais j'ai ma poule pour la nuit

Les villes sont remplies à craquer
Les usines tournent comme des moulins
Les gaz me montent jusqu'aux yeux
Mais ma barmaid me rend heureux

Refrain

On part en vacances dans l'nord
Pour voir mourir les grands glaciers
La décadence nous trouble à mort
On fait l'amour pour oublier

On marche souvent dans la campagne
Au milieu des grands arbres morts
Y'a plus d'oiseaux dans le bocage
Peut-être qu'il faut crier plus fort

Refrain

Dans une nuée d’étoiles filantes
On regarde nos rêves s'envoler
Mon coin de nature c'était ma planque
Ma place à moi pour respirer

Mais on a au moins la vitesse
Sur nos claviers et nos gadgets
Le virtuel a plus de richesses
Que l’aube blême du matin

06 - Le chercheur d'or

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Denis Girard
Accordéon _ Sonia Painchaud
Guitare _ Christian Beaucher
Contrebasse _ Hugo Blouin

Brav’s gens, je suis un chercheur d’or
Et l’or ça ne court pas les rues
Les voleurs pillent les coffres-forts
Aux yeux des gens sur les av’nues

Politiques collectant pots d’vin
En sifflotant au coin des rues
Financiers volant leurs clients
À coup de millions sans être vus

Les pauvres gens vont à la guerre
Les terroristes brûlent les trains
Et moi je cherche sous notre terre
De quoi arroser le bon grain

Je suis l’plus fou des optimistes
De l’or bleu coule dans ce pays
Aux yeux des hommes, dans ceux des femmes
Qui creusent, qui coulent, qui chantent ici

Brav’gens, je suis un chercheur d’or
Mon or je sais comment l’trouver
J’comenc’par just’un peu d’espoir
Au creux du ventr’ et puis croyez

Je pense que j’ai un fils
Qui cherche son or, Sans s’inquiéter
Comme, si y’avais au fond du trou
Le courage de recommencer

Brav’gens, creusez, coulez, trimez
Quand trinquent bandits et policiers
Il doit y avoir au fond du trou
Le courage de recommencer

07 - Mon terrible amour

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Denis Girard, Élise Béchard
Saxophone _ René Béchard
Contrebasse _ Hugo Blouin

Mon terrible amour, je tremble à te regarder
Je sens rugir en toi tes vieux monstres d’hier
Je me force à sourire pour ne pas t’inquiéter
Mais je crains ta fureur contre la trahison
Cette marée de mensonges éclabousse mon nom
Et j’ai peur de périr pour les crimes de mes pairs

Je sens toute ta méfiance collée à mes regards
Le coureur de jupons qui jure qu’il est fidèle
Ta mémoire te commande de ne plus jamais croire
Ces petits séducteurs assoiffés de conquêtes
J’ai été de ceux-là, mais l’amour me transforme
Mon âme plaide pour moi tes blessures me condamnent

Refrain :
Mon terrible amour
C’est la tourmente
Tu es ma tourmente
J’ai peur
Ah comme j’ai peur

J’ai peur de toi comme un drogué au paradis
Des artifices de cet amour qui me nourrit
Tu me fais planer au-dessus de mes bourbiers
De solitude de désespoir de faussetés
Comme une géante maîtresse de mon pays de nains
C’est la tourmente quand tu te lèves chaque matin

Au début comme un idiot je t’ai désirée
Au creux de ton lit j’ai goûté le sublime
J’ai flotté insouciant enivré de plaisir
Tu parlais sentiment tournée vers l’avenir
Avec dans tes cheveux un goût d’éternité
J’étais prêt au grand saut, ému, ensorcelé

Refrain

Ma redoutable femme plus libre qu’une gitane
Je goûte ta jeunesse comme un fruit défendu
Moi qui me sens si vieux devant tous tes amis
Qui s’amusent de bons mots que j’ai déjà compris
Je te vois me quitter dans une prochaine vie
Et je sais déjà pourquoi tu seras partie

J’ai peur ah comme j’ai peur que soudain tu te fatigues
De mon rire, de ma tête de mes bouffonneries
De ma façon de dire je t’aime comme on supplie
Moi qui ne serai jamais l’homme qui te séduit
Je ne suis qu’un comédien tombé amoureux
De cette jolie grande qui m’a crevé les yeux

Refrain

08 - Roger

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Denis Girard, Hugo Blouin, Sonia Painchaud
Guitare _ Christian Beaucher
Contrebasse _ Hugo Blouin

Moi ma voiture s’appelle Roger
C’est bien moi qui l’a baptisée
Du beau nom de mon défunt père
Qui dort sous terre près d’la rivière

Ma voiture dit jamais un mot
Démarre toujours quand il le faut
Toujours très froide à l’extérieur
Elle est torride à l’intérieur

Elle est bien comme mon vieux père
Le silence c’était son affaire
Mais il comblait tous nos besoins
Logés pourris on était bien

Ma voiture ne se plaint jamais
Même si elle roule plus qu’elle devrait
Mon vieux ne comptait pas les heures
35 années à son compteur

Quand je suis pris dans une tempête
Pas une rafale ne m’arrête
Même la glace et le verglas
Roger solide ne bronche pas

Avant j’avais des vieux bazous
Des vieux tacots pourris à bout
J’passais ma vie chez l’garagiste
Mais y manquait toujours une vis

Avec Roger c’est le bonheur
J’écoute ronronner son moteur
C’est d’la musique pour les oreilles
Je ris tout seul en comptant ma paye

Hier j’suis allé voir mon gars
Y vit aux îles très loin par là
J’avais apporté un cadeau
Mon beau Roger tout bleu tout chaud

Asteure je n’m’inquiète plus pour rien
Même si mon gars reste ben loin
Je sais qu’mon vieux veille sur lui
Sur les grandes routes de la vie

09 - C’est mon tour

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Denis Girard
Guitare électrique et pedal steel _ Jesse Ens
Contrebasse _ Hugo Blouin

Qu’est-ce qu’on fait quand on a tout perdu
Son travail, son argent, ses amis
On se voit, si laid dans le miroir
Bien trop gros, l’air nono, mille défauts
On voudrait, au plus vite rebondir
Se lever, décidé, et agir

Refrain :
Donnez-moi une adresse un contact
Un beau poste, bien payé à combler
J’ai du coeur, du talent, des idées,
Laissez-moi, vous montrer mon cv
Pour conduire, un camion ou un bus
Je pourrais vous mener sur Vénus

Refrain

Je le vois dans ma tête cet engin
Tout brillant, rugissant qui m’attend
C’est ma chance, je le sais, elle s’en vient
Je l’aurai, c’est certain, oui dès demain
Dans la vie faut vouloir et puis croire
On m’appelle et j’arrive dans l’instant

Refrain

Moi j’espère tellement fort et j’en parle
Je demande un emploi à la vie
À quelqu’un qui en parle à quelqu’un
Je choisis cette fois, c’est bien fini
Un matin, je sais bien, un patron
Va appeler m’engager pour de bon

Refrain

Oui c’est dur de trouver son boulot
Une bonne petite job qui paye gros
Les patrons parfaits, ça n’se fait plus
L’employé qui’é super, c’est ben trop cher
Mais un gars avec du coeur au ventre
Me voici prenez-moi, c’est vot’chance

Refrain

10 - Les bons amis

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Denis Girard
Contrebasse _ Hugo Blouin

Les bons amis que mort
A chassé de leurs corps
Sont toujours avec nous
Dans la douce lumière
Qui enveloppe nos gestes
Dans la feuille rougie
Abandonnée au vent
Les amis disparus
Habitent l’air du temps

On voudrait leur parler
Quelque part sur un banc
Surprendre leurs regards
Dans une foule au hasard
Retrouver les odeurs
De ces tendres moments
Qui nous comblaient le coeur
Les fous rires d’antan

Ils ont bien des moyens
Pour nous tendre la main
Il faut guetter leur pas
L’invisible fracas
Les instants immobiles
Où une grande paix
Efface l’inutile
Et rappelle l’instant
D’une douce lueur

Les amis qui la vie
Aimaient passionnément
Toutes ces âmes meurtries
Sous la bêtise du temps
Vivent toujours en nous
Inventant notre chance
Un peu de notre ardeur
À nommer la beauté
À endiguer la peur

Les amis disparus
Nous suivent dans la rue
Comme des compagnons
Des anciennes saisons
Ils sont notre mémoire

11 - Flatulences

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Denis Girard
Guitare _ Christian Beaucher
Contrebasse _ Contrebasse
Saxophone _ René Béchard

J’ai le corps plein de flatulences
Des beaux gros pets d’irrévérence
J’ai d’la misère à digérer
Tout c’qu’on voudrait m’faire avaler

J’arrive même pus à me payer
Mon pain, mon beurre, mon steak haché
Pour mon p’tit fun d’la fin d’semaine
Ma caisse est vide, j’ai pus une cenne

Les taxes arrêtent pas d’augmenter
Les prix essayent de pas bouger
Mon p’tit salaire a l’air niaiseux
J’peux rien m’payer de ce que j’veux

Ma blonde va plus d’in magasins
Quand t’es cassé ça sert à rien
À me r’garde comme un sans dessein
Un incapable, pas trop fin fin

Dans les campagnes et dans les champs
On pouvait vivre sans trop d’argent
Planter au moins quelques légumes
Nourrir des bêtes cueillir des prunes

Mais sur l’asphalte c’est effrayant
C’est plus dur de manquer d’argent
Avec le p’tit chèque du bien-être
On passe même pour des malhonnêtes

Ça sent le vieux poisson pourri
Ça pue la marde le dégueulis
On a pus l’goût de prendre un coup
La rage nous a tous rendus fous

La digestion c’est important
Quand t’as l’moton c’est inquiétant
Tout peut péter sans avertir
Tous les boyaux soudain s’ouvrir

J’ai le corps plein de flatulences
Des drôles de pets vraiment étranges
J’ai un orchestre d’in z’intestins
Qui va sauter si je fais rien

Je pense qu’au tout début du monde
Les gaz voyageaient à la ronde
Le big bang dans les intestins
De dieu qui comprenait pus rien

Tout d’un coup ça s’est compliqué
Les éléments se sont cognés
À des millions d’années-lumière
Le plus gros pet de l’atmosphère

La fin du monde c’est pour demain
Les gaz condensent chez les pas fins
Rien dans les poches rien dans les mains
Plus rien à perdre ça pète en chien

12 - Le secret de l’amour

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Denis Girard
Guitare _ Christian Beaucher
Clarinette _ René Béchard
Contrebasse _ Hugo Blouin

On en fait tout un mystère
Le péché le plus affreux
Le silence de ma mère
Un mal sale et très dégueu

On le cache au paradis
Dans la main d’une femme nue
Cueillant l’érotique fruit
Sur le premier homme ému

On n’en parle pas aux enfants
Comme si c’était un danger
On le dit en chuchotant
Avec un sourire gêné

Refrain :
L’amour il faudrait le dire
Est une belle histoire de cul
Il nous fait charmer séduire
Tant que les coeurs s’aiment nus

On parle peu du pénis
Comme d’un monsieur pipi
De la vulve magnifique
Que l’on tait que l’on oublie

On aime mieux raconter
Des contes à dormir debout
Des romans de chevalier
Des sentiments un peu flous

Pourtant la pure vérité
Mérite d’être reconnue
Les yeux doux ont provoqué
Les morsures dans le cou

Les plus vibrants des poèmes
Naissent à la pointe d’un sein
Le plus constant des je t’aime
Flatte un sexe dans sa main

Refrain

13 - Ils sont perdus les hommes

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Arrangements _ René Béchard et Hugo Blouin
Voix _ Élise Béchard et Hugo Blouin
Contrebasse _ Hugo Blouin

Ils sont perdus les hommes que l’amour a brisés
Soudain en un instant, le soleil a crevé
Leurs femmes et leurs enfants sont partis un matin
Et la terre lentement a cessé de tourner

Il avait mil’ fois fait l’amour et tout donné à chaque jour
Le travail lui volait les jours la nuit lui redonnait la foi
Il menait la bel’ vie des rois, les voyages au bout de l’été
Les enfants le troublaient parfois l’amour venait tout arranger

Ils sont perdus les hommes que l’amour a brisés
Soudain en un instant, le soleil a crevé
Leurs femmes et leurs enfants sont partis un matin
Et la terre lentement a cessé de tourner

Il marchait sur un fil étroit, noué de soie et de désir
Les mots se cassaient dans sa voix la laideur venait l’envahir
Le vin ne chantait plus la joie la gêne la faisait rougir
Ses grand’ mains ne la touchaient plus la nuit s’étirait en soupirs

Ils sont perdus les hommes que l’amour a brisés
Ils sont tous impotents ivrognes ou détraqués
Ils ont tué leurs enfants leur femme leur bien-aimée
Ils se pendent en riant pour tenter d’oublier

14 - Ma belle douleur

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Saxophone _ René Béchard
Contrebasse _ Hugo Blouin

Oh toi ma folle douleur
C’est toi qui m’as mis au monde
Tes cris tes plaintes ta peur
Raisonnent au fond de ma tête
Forcent le rythme de mon cœur
Tu m’as forcé à me battre
À braver ma frayeur
Parmi la horde d’étrangers
À reconnaître l’ami

Toi ma précieuse douleur
Mon fils porte bien ta marque
Sa sagesse se nourrit
De la lumière que tu jettes
Sur nos cœurs endoloris
Il sait la valeur des choses
Le lourd prix de la beauté
Il guette tes vagues ta tempête
La faiblesse de ta colère

Toi ma secrète douleur
Ma femme a les yeux meurtris
La souffrance sur elle se lit
Je l’ai trouvée la plus belle
Tellement fière insoumise
Sous les duperies des gredins
Tu m’as dit c’est ta promise
Son sourire tendre et mutin
Parle des offenses en son sein

Oh ma puissante douleur
Quand reposée assouvie
Tu laisses poindre le bonheur
Tu tiens la terre dans tes mains
Elle tremble sous la guerre la faim
Toi mère de l’humanité
Tu tortures pour enseigner
Le prix qu’il nous faut payer
Pour apprendre à nous aimer

Toi ma plus noble douleur
C’est la grande fête dans ma tête
Mon amour va arriver
Les poignards dans son ventre
Une autre ignoble maladie
Que s’épuisent le jour la nuit
Endors-toi la belle douleur
Laisse-nous encore quelques heures
Laisse passer un clair de lune
La joie file s’évanouit

Mon omnisciente douleur
Tu célèbres ta victoire
Au début en fin de vie
Les larmes tes fruits les plus doux
Toutes les vérités en prime
Les vieux sages te chantent leurs hymnes
Tous ces gens unis ensemble
La paix dans ces yeux humains
La souffrance est une amie

15 - Les hommes ne se parlent pas

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Denis Girard
Saxophone _ René Béchard
Contrebasse et clavier _ Hugo Blouin
Batterie _ Jean-Philippe Godbout

Les hommes ne se parlent pas
De père en fils le silence
Le coeur fermé comme les poings
Fais ce que tu dois fais-le bien

Les hommes ne se parlent pas
Ils s’observent sans que ça se voie
Ils ricanent de la douleur
Ils bravent ce dont ils ont peur

Les hommes ne se parlent pas
Ils crient dans leurs gestes las
Ils attaquent d’un seul regard
Ils pleurent quand c’est trop tard

Les hommes ne se parlent pas
Les sentiments dans le ventre
Comme une gale sur un doigt
Une faiblesse indécente

Les hommes ne se parlent pas
Ils rient de toute maladresse
En la désignant du doigt
Avec du mépris dans le geste

Les hommes ne se parlent pas
Torse bombé regard fier
Maître de leur univers
La dignité c’est la loi

Les hommes ne se parlent pas
Ils radotent des évidences
La température le sport
Les jolis culs la finance

Les hommes ne se parlent pas
Ils habitent leur solitude
Ils travaillent comme des fous
Et ils se soûlent comme des trous

Les hommes ne vous parlent pas
Ils ignorent ce que vous êtes
Envoûtés comme des bêtes
Ils se taisent encore une fois

Les hommes ne vous parlent pas
Ils font l’amour comme des ânes
De performances ils se pâment
Trois petits tours et puis rien

Les hommes parlent quelquefois
Quand l’amour soudain les brise
Ils apprennent même à sourire
Ils viennent au monde ce jour-là

16 - L'armure

Paroles _ Denis Girard
Musique _ Hugo Blouin
Voix et contrebasse _ Hugo Blouin

J’ai fabriqué une armure
Pour continuer à travailler
J’étais couvert de blessures
De toute une vie d’hostilités

Le mépris de mes collègues
Pour mes années d’ancienneté
La rage pour les privilèges
Qu’ils veulent sans les mériter

J’ai caché mon coeur sous le fer
J’ai même ganté mes mains d’acier
J’ai bien refermé la visière
Sur tous ceux qui peuvent approcher

Le chevalier s’en va en guerre
Dans la société des guerriers
On se bat pour un coin de terre
La richesse, la prospérité

Les armes sont très meurtrières
Les mots et les regards fermés
Les autres sont de grands mystères
Qu’on tue à tant les ignorer

J’ai jeté le casque et l’armure
J’ai trop de mal à respirer
J’aime mieux mourir à l’air pur
Les combats peuvent continuer

J’ai mis mon habit de tendresse
Et mes regards d’humanité
J’offrirai mon coeur tout en liesse
Ma forte et bonne volonté

17 - Chapeau

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Voix _ Denis Girard
Guitare _ Christian Beaucher
Clarinette _ René Béchard
Contrebasse _ Hugo Blouin

Chapeau melon aristocrate
Chapeau haute forme pour les grands shows
Chapeau d’cowboy pour la montagne
Feutre élégant ou sombrero

Depuis que je me suis fait homme
J’ai un faibl’ pour les chapeaux
Comm’ le panache pour un chevreuil
Ça impressionne les animaux

Certains préfèrent la calotte
Car pour le sport rien de trop beau
Moi pour les femm’, j’donne ma culotte
Avec mon feutr’ je sauv’ ma peau

C’est jour de soleil dans ma vie
Quand je me coiff’ de mon chapeau
C’est un petit rien qui m’embellit
Un bol qui m’tient hors de l’eau

J’aime bien apprivoiser les bêtes
Ma gentillesse c’est mon lasso
Quand une jument me tourne la tête
Je n’crache pas sur un rodéo

Une belle m’a mis en élevage
Enfermé dans son bungalow
Ma serrure c’est son doux corsage
Son lit me tient le cœur au chaud

Un homme peut perdre un peu la face
Mais garde toujours son chapeau
Car c’est sa dignité et sa classe
Et un condo pour son cerveau

18 - Les hommes sont toujours en voyage

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Arrangement _ René Béchard, Hugo Blouin
Voix _ Élise Béchard
Saxophone _ René Béchard
Contrebasse _ Hugo Blouin
Batterie _ Jean-Philippe Godbout

Les hommes sont toujours en voyage
Vers le temps qui sans lasse
S’efface sous leurs pas
Les yeux rougis d’avoir cherché
Une main sur le passé
Mais le coeur roulant au large

Les hommes repartent en voyage
D’un amour à un amour
De chair ou de papier
Sous les soleils ébouriffés
Le coeur gonflé vers les beaux jours
Cherchent toujours la douce plage

Les hommes reviennent et repartent
Sans avoir pesé les fruits
Qui tombaient des arbres
Mais le vent leur a servi
Sur les plats changeant des images
La mer écumeuse de la vie

Les hommes rêvent de voyages
Plein de gens, plein de couleurs
Pour se refaire le coeur
Avant que de prendre de l’âge

L’homme est le seul voyage
L’homme est le plus long voyage
L’homme est le plus long des voyages